23 avril 2020

Mon intérêt pour l’apprentissage de la langue espagnole est né lors de la visite d'une interprète des Nations Unies à mon domicile familial lorsque j’avais 12 ans. ?Tina, qui venait de l'Argentine, avait passé les vacances de No?l chez nous pendant deux années consécutives dans le cadre d’un séjour culturel. Elle m'a donné mes premières le?ons d'espagnol.

L'année suivante, je suis entré au lycée et j'ai choisi d’étudier l'espagnol comme langue seconde. L’espagnol était la langue officielle de 20 pays. Je l'ai considérée comme la langue la plus importante et la plus globale qui puisse me permettre de communiquer avec plus de 4 millions d'habitants de mon propre pays ainsi que 19 autres contrées.

Je me suis appliqué dans mes études secondaires. J'ai bien réussi en mathématiques et en sciences, mais je n’aimais pas tout ce qui avait trait à la mémorisation. Bien que mes notes en espagnol aient été les plus basses, un voyage scolaire au Mexique a été une expérience formatrice. La famille mexicaine chez qui j’ai passé mon séjour dans le ?Distrito Federal? à Mexico, m'a très bien traité. J'ai beaucoup appris sur leur mode de vie, leur cuisine et leurs coutumes. Ils étaient mes premiers amis hispanophones qui ne parlaient pas anglais.

Lorsque je suis entré à l’Université d’Oberlin, j'ai établi de nombreuses amitiés avec des étudiants internationaux qui parlaient espagnol et des étudiants hispaniques nés aux ?tats-Unis qui voulaient parler la langue de leurs familles. Mes conversations avec eux ont stimulé mon imagination et m'ont aidé à comprendre que, même si nous parlions la même langue, nos vies, nos modes de pensée et nos coutumes étaient très différents.

Le plus important pour moi était la transformation de ma fa?on de voir les choses : je commen?ais à contextualiser ma fa?on d'être au-delà de mon expérience nord-américaine. J'ai pris conscience du fait que cette deuxième langue me permettait de percevoir une ?quatrième dimension? qui ne correspondait pas aux réalités définies et limitées par les dimensions de la langue anglaise.

J'ai décidé d'étudier à l'étranger à Madrid. J'y ai vécu dans l'appartement d'une femme veuve avec trois autres étudiants. Dès le premier jour de mon arrivée dans mon nouveau monde, je me suis concentré davantage et avec plus de clarté, sur mon apprentissage, enrichissant mon vocabulaire et accédant aux limites de la linguistique espagnole - la quatrième dimension.

Pendant les sept mois que j'ai passés en Espagne, j'ai découvert ce pays et je me suis imprégné de sa culture, de son quotidien, de la manière dont son peuple tisse les liens sociaux, de ses valeurs, de sa cuisine, de l'importance de la pratique de la religion, des rites et des ?rythmes? de la vie. Tout cela, je l’ai découvert parce que je comprenais la langue. Cette ?compréhension? s'est manifestée par un discernement profond, qui a influencé à son tour les possibilités d'interaction et de conversation.

De 2014 à 2017, ELS & Berlitz, en coopération avec l'UNAI, ont mis en place un concours mondial de rédaction PLUSIEURS LANGUES, UN M?ME MONDE (MANY LANGUAGES, ONE WORLD) pour promouvoir le multilinguisme en tant que compétence pour les citoyens du monde.

En termes de sémantique, la discipline dite ?psycholinguistique? explique comment les mots, les temps des verbes (ou le manque des temps dans certaines langues) changent la fa?on dont on ?comprend? le monde et les actions humaines. Tout comme une langue peut bloquer la compréhension entre les personnes, l'étude d'une deuxième langue ouvre les yeux et l'esprit de toute personne qui ne parle pas notre langue, qui a une perception distincte de la n?tre, et qui considère que nous ne pouvons pas nous comprendre sans partager une langue commune. Cela éveille la conscience d'une ?quatrième dimension?, bien que nous ne puissions ni la voir ni la mesurer.

? mon retour aux ?tats-Unis, je voulais devenir professeur d'université afin d’initier aux valeurs de l’entente et de la tolérance. J'ai considéré l'enseignement des langues comme une stratégie pour parvenir à la compréhension mutuelle, à la coopération et à la paix au niveau mondial. Dès lors, mon objectif et ma mission étaient de promouvoir l'apprentissage des langues.

L’acte d'apprendre une deuxième langue m'a transformé et pendant plus de cinquante ans, j'ai vu le même impact chez des milliers d'étudiants à travers le monde. Investir des milliers d'heures pour bien apprendre une langue est de ce fait, un acte de foi et de ?conscience?.

Dans le cadre du concours Plusieurs langues, un même monde (Many Languages, One World), organisé par Berlitz en partenariat avec M. Ramu Damodaran, Directeur de l'initiative de l’Impact Universitaire des Nations Unies, nous avons entendu la voix de plus de 10 000 étudiants universitaires de 172 pays.

Les essayistes participants ont déclaré que, au cours de ce siècle, quiconque n’apprend pas une deuxième ou une troisième langue ne peut pas se considérer comme un ?citoyen du monde?. Les participants, qui parlaient quatre langues en moyenne, ont écrit des essais en arabe, en chinois, en espagnol, en anglais, en fran?ais et en russe.

La valeur principale de l'apprentissage d'une autre langue est qu'elle nous permet de percevoir la quatrième dimension. Lorsqu’on entend un ?étranger? parler notre langue maternelle, les mots entrent par l'oreille mais atteignent directement le c?ur.

Cela ne me surprend pas !
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Cet article a été traduit de l'anglais au fran?ais par Mme Sara Jeffar, lauréate du concours PLUSIEURS LANGUES, UN M?ME MONDE (MANY LANGUAGES, ONE WORLD) de l’année 2017.

le 23 avril 2020

La Chronique de l’ONU ne constitue pas un document officiel. Les points de vue exprimés par les auteurs, les frontières et les noms indiqués ainsi que les désignations employées sur les cartes ou dans les articles, n’impliquent pas nécessairement la reconnaissance ni l'acceptation officielle de l’Organisation des Nations Unies.?

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La?Chronique de l’ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privilège d’accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingués ne faisant pas partie du système des Nations Unies dont les points de vue ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Organisation. De même, les frontières et les noms indiqués ainsi que les désignations employées sur les cartes ou dans les articles n’impliquent pas nécessairement la reconnaissance ni l’acceptation officielle de l’Organisation des Nations Unies.?